La garance est une plante de la famille
des rubiacées (on trouve aussi dans cette famille le café, le
quinquina, l'ipéca). La teinture est extraite de la racine
formée de rhizomes épais et la matière colorante est nommée
alizarine. La découverte du colorant artificiel en 1869 provoquera
la ruine de la culture de la garance.
L'histoire de cette plante connue déjà
des Grecs, est intimement liée à celle du Vaucluse. On retrouve la
trace de son utilisation à Perthuis au XVIème siècle, mais c'est
au XVIIIème siècle que la culture est introduite grâce à
Jean Althen
Jean Alten (de son vrai
nom Althounian) est né en Arménie (entre 1709 et 1712). Fils
d'un gouverneur de province de Perse, sa famille ayant été
proscrite, il fut vendu comme esclave. Il parvient à s'évader et se
réfugie à Marseille où il arrive en 1736.
Fort de ses expériences acquises il tente d'introduire de
nouvelles techniques pour l'industrie du coton dans le sud ouest (à
Castres et Montpellier), en vain.
Sculpture
de Louis Ball en hommage à Jean Alten - Avignon - Jardin des Doms
- voir ICI
Le
Vaucluse devient alors le principal producteur de garance (la moitié
de la production mondiale). La culture est difficile, elle nécessite
des sols humides et des sillons profonds. Elle se pratique dans de
petites exploitations familiales.
Les
semailles
sont
assurées par le fermier et ses enfants. La garance est ramassée en
fin d'été et à l'automne. L'arrachage est difficile à cause des
racines enchevêtrées, il nécessite de faire appel à une
main-d’œuvre venue des régions environnantes (Alpes, Cévennes,
Drôme, Ardèche,Gard), les garançaïres.
La fourcassa
qui
sert à creuser les sillons pèse dans les quatorze kilos et doit
être maniée par deux hommes. Les racines sont ramassées ensuite
par les femmes et les enfants. Elles sont mises à sécher au soleil
avant d'être écrasées par une meule, puis tamisées, dans les
usines à garance. Entreposée dans de grands tonneaux, la garance se
bonifie avec les années, grâce à l'action de bactéries (deux ou
trois ans).
Les
usines à garance se multiplient en Vaucluse. En 1801 Avignon compte
3 usines, le Vaucluse en dénombre 15 en 1806, 70 en 1840 et elles
fournissent l'industrie lyonnaise, les indienneurs de Rouen, mais
aussi toute l'Europe.
En
1860 Jean Henri Fabre dépose plusieurs brevets concernant la
production de garancine, colorant épuré et donc concentré
(ici).
L'histoire
de la garance est aussi, plus tristement, liée à l'histoire de la
première guerre mondiale dont le 100ème
anniversaire a été célébré en 2014, avec le fameux pantalon rouge garance :
Uniforme de soldat français de la Première Guerre mondiale en 1914 avec un « pantalon garance » Wikipedia |
NB, un
excellent téléfilm a été consacré à l'histoire de ce soldat
fusillé pour n'avoir pas voulu porter le pantalon d'un mort. "Le
pantalon" France 2 ICI
Avec le retour de l'utilisation des pigments naturels que ce soit en peinture ou en teinture, la culture de la garance a repris, notamment dans le Poitou. On peut se procurer le pigment auprès du Conservatoire des ocres de Roussilon.
De même pour la culture du pastel qui s'est éteinte a l’époque a cause de l'importation de l'indigo d'Inde... (couleur pastel des uniformes napoléoniens...)
RépondreSupprimerJe dois transférer mon article sur le pastel, une plante et une couleur que j'ai découvertes grâce à l'enluminure et au jardin des plantes de Lauris.
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