samedi 11 avril 2015

Les pigments végétaux au Moyen-Age

Je reprends ici certains éléments de l'article général sur les pigments au Moyen-Age publié sur mon blog "Les Dits de Fardoise" ICI.

Au Moyen-Âge on utilise principalement des pigments naturels, d'origine minérale, végétale ou animale.
Les pigments se présentent sous forme de poudre. 

 
Sur cette enluminure représentant une noble dame peignant son autoportrait, on peut voir à gauche les pigments et les peintures préparées dans des coquilles - Boccace Livre des cleres et nobles femmes" illustré par Robinet Testard - BNF, Paris, Ms Fr 599 - http://chiefwritingwolf.com 


En peinture, ils sont en suspension dans un liant liquide afin d'être déposés à la surface du support (parchemin, mur pour les fresques, bois...). En teinture au contraire, ils pénètrent la matière à colorer. En peinture les pigments sont d'origine principalement minérale, quelques uns d'origine animale (confondues avec le minéral comme pour la cochenille) enfin d'autres, plus rares, d'origine végétale.  En teinture les colorants utilisés sont principalement d'origine végétale, car moins coûteux. Les peintres du Moyen-Âge ne pratiquent pas le mélange des couleurs, ils superposent les couches pour obtenir un vert, un violet.
L es pigments d'origine végétale, le pastel  
 

pastel des teinturiers - jardin des plantes tinctoriales de Lauris


et l'indigo pour les bleus, la gaude et le safran pour les jaunes. Les matériaux calcinés pour les noirs.

Le jaune est extrait du genêt, ou de la gaude – réséda des teinturiers. « Cette plante porte aussi le nom d'« herbe des juifs » car c'est l'une des plantes utilisée, du XIIIe au XVIIIe siècle, par les juifs du Comtat Venaissin (qui était alors un domaine pontifical) pour teindre en jaune les chapeaux qu'ils étaient tenus de porter comme signe distinctif. » Wikipedia. Le jaune laqué, arzica, a été mis au point par l'alchimie à partir de la gaude.
Le safran extrait de la fleur d'un crocus, le Crocus sativus, originaire de Crète. Utilisé comme colorant et pas uniquement comme épice ; notamment par les Irlandais et les Écossais des Highlands qui portaient un long tricot de toile connu sous le nom de léine, qui était traditionnellement teint grâce au safran.
Une petit détour par un colorant jaune-orangé, onéreux, la « graine d'Avignon », extrait de baies vertes ou noires d'un arbrisseau de la famille des rhamnacées , connu dès l'Antiquité et remis à la mode dans l'Avignon pontifical du XIVe siècle. Une dénomination parmi beaucoup d'autres pour ces colorants jaunes d'origine végétale -(voir le glossaire des matériaux de la couleur)

Le bleu foncé, avant l'apparition du lapis-lazuli, était l'indigo.
Il était extrait de la plante du pastel- ou guède - satis tinctoria . Il nécessitait une préparation longue et délicate.
L'indigo – (du latin indicum : de l'Inde) extrait de l'indigotier - Indigofera tinctoria – va le supplanter. En Inde, la plante est cultivée depuis plus de quatre mille ans. Beaucoup moins cher, son utilisation va entraîner la disparition de l'industrie européenne du pastel en 1562 


indigotier de l'Himalaya - jardin des plantes tinctoriales de Lauris


Quelle que soit la technique utilisée, le vert restera longtemps une couleur instable voire dangereuse. En teinture, les pigments verts , extraits de matières végétales tiennent mal à la lumière. Les jongleurs, les bouffons ou les chasseurs s'habillent en vert, mais également les jeunes amoureux (l'habit vert représente leurs changements d'humeur). Il restera le symbole du hasard.
Au XIVe s., on met au point deux pigments végétaux, le vert végétal – issu de baies d'arbousier – et le vert iris. 
 
Une laque rouge était tirée de la racine du bois de brésil (nom de l'arbre qui deviendra celui d'un pays), moins onéreuse que celle extraite de la cochenille. Certains en ont fait le principal rouge du Moyen-Âge, il semblerait, toutefois, que sa volatilité à la lumière ait joué en sa défaveur.
L'incarnat – la notion de  « rose » n'existe pas– fourni par le bois de Brésil – bois de braise - venu des Indes ou de Ceylan via la Perse.
La garance, rouge d'origine végétale, cultivée dès le XIIIe siècle commence à être utilisée comme colorant à la fin du Moyen-Âge.
Le croton des teinturiers fournit une couleur bleu-violet qui vire au rouge en présence d'un acide. Voir l'article consacré à la maurelle, nom occitan de cette plante, ICI
Ce n'est qu'au XVIe siècle que les Grandes Découvertes apporteront d'autres pigments tels l'orange du mûrier, ou du rocou, le noir violet du bois de campêche.
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Parmi les nombreux blogs et sites qui se consacrent au Moyen-Age et/ou à l'enluminure, j'ai choisi celui de l'association pour la reconstitution historique du patrimoine enluminé - et plus particulièrement le thème "pigments" ICI - en lien dans la colonne de gauche
Le jardin des plantes tinctoriales de Lauris - Vaucluse - ICI

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